Les récits publiés sur le site du CEVVHB sont pour la plupart des récits de vol au départ d’Oloron, exception faite des stages en Castille ou en Cerdagne.
Oloron et Alp ne sont pas les seuls points de départ possibles pour aller astiquer le relief Pyrénéeen. Il y a bien sûr Luchon, situé au coeur du relief, St Gaudens où sont basés quelques pilotes vraiment très expérimentés qui cumulent le plus grand nombre de kilomètres parcourus sur la montagne, St Girons (Ariège) Puivert (dans l’Aude) , La LLagonne (Col de la Quillanne dans les Pyrénées Orientales où l’activité est saisonnière), et plus près de nous Tarbes La Loubère. Coté Espagnol on a Alp en Cerdagne, et Jaca, dont le terrain est situé à 67km au sud d’Oloron (à vol d’oiseau)
Il y a une certaine mobilité au fil des temps entre club. Pour ma part, j’ai débuté à St Girons bien avant que le vol à voile n’apparaisse à St Gaudens sous l’impulsion de Robert. Florian, qui a débuté à Oloron, ayant sa vie professionnelle à Toulouse, est basé à St Gaudens. Tout ce joli monde se retrouve souvent sur la fréquence des planeurs qui survolent la montagne, échangeant des infos sur les conditions rencontrées. On reconnait les voix sans même avoir besoin de se présenter. Le monde vélivole est petit.
Florian a fait cet été plusieurs vols dignes d’interet, et a bien voulu partager son experience par mail. Je ne pouvais garder ça pour moi: voici deux récits, l’un au départ de Jaca, l’autre de Saint Gaudens, avec vache à Luchon et dépannage aéro instructif.
Vivien
26 aout 2021Florian décolle de Jaca et tourne aux Bouillouses, par vent d’Ouest marqué
Je reviens de 6 jours à Jaca, pendant lesquels j’ai pu faire 4 vols.
Un premier vol local, avec décollage tardif (17h) histoire de revoir la pente de Blancas et le Visaurin. J’ai fait le trajet le matin, monté le planeur et ceux des autres pilotes, Luis a pris les copies des papiers mais j’ai bien envie de profiter de la fin de la journée, en vol. Le vent d’ouest déclenche des ascendances plus ou moins régulières, ça monte et ça tient. Le lendemain, une zone convective avec des plafonds à 3000 entre Forca et Visaurin. On fera deux allers retours rapides. Une grosse poche humide tombe du perdido jusqu’à Ainsa, je ne me risquerai pas plus loin que le Mont Perdu.
Troisième vol, plus intéressant : des bons plafonds sur Forca – Visaurin – Tendenera – Perdido, puis une baisse de la base des nuages à 2300NH. Je prendrai un cheminement plus au sud, en passant notamment par la pente de la Peña Montenesa avant d’obliquer nord-est vers San Maurici, ou le plafond remontait à 2800m. Hélas, derrière, c’était bouché. Le retour se fera par le même itinéraire, avec une visite par Pont de Suert (pas super accueillant vu d’en haut) avant de reprendre la pente de la Montañesa et retourner vers le Perdido et les hauts plafonds. Le trajet fera 370 km.
4ème vol, le plus intéressant. J’avais mis 80 litres dans le planeur, et la prévi annonçait de beaux plafonds. J’ai prévu un 660 Blancas – Bouillouses – Forca – Perdido – Sos del Rey Catolico.
Je décolle dans le milieu de la file, pas trop pressé pour autant. Le remorqueur m’amène vers le premier escalon ou spiralent des vautours et deux planeurs, vers 1700m. Largué, impossible de centrer. Tout le monde cherche le milieu du vario. Les vautours retournent se poser sur la crête, les planeurs prennent le cap du terrain. Je largue les 80 litres, et reprend un vario à 1100m, qui avec patience me permet de rejoindre les pentes, puis Blancas. Pendant ce temps, Benoît et Florent dans le 25 ont accroché sur la crête et ouvrent la voie vers l’Est. Ils m’indiquent la présence d’une confluence plus haute au Nord, que je vois et réussis à attraper après plusieurs transitions, à Punta Suelza. L’orion me suit mais prend à ce moment un cheminement plus au sud : il ira raccrocher à 1700m à Sorts …. alors que je suis à 3400 au Monteixo et que Benoît a viré Aiguestortes, il annonce l’Andorre non déclenchée. Mais en arrivant au même endroit plus tard, je vois des fractos se former dans le bleu et décide de pousser vers l’Andorre. Je trouve dans le bleu des plafonds à 3600m ! Tout se passe bien jusqu’au Carlit, et je passe sa crête en direction du point de virage. Le vent d’ouest déclenche de fortes dégueulantes sous le vent du Carlit et donc sur les Bouillouses mais je trouve un bon vario verticale du lac et refais le plafond. Le retour se fera sensiblement pas le même trajet, à ceci près que le vent de face raccourcit les transitions et ralentit la progression. Je dois m’arrêter presque partout ! Pas de la Case, Andorre la Vieille, San Laurici, Schrader, et je suis seul. Je trouve les ascendances souvent par le bas, souvent près des pentes … L’Orion est remonté mais est parti vers Ainsa via la Monteñesa. Pour ma part j’hésite à prendre par le Nord du val d’Aran où je vois les cumulus les plus hauts, je me dis qu’ils ne sont pas sur le cap de mon second point, mais oblique quand même vers les barbules les plus proches au nord. Rapidement, je change de cap, plus à l’ouest, car un fracto s’est formé dans le bleu, et finalement je parviens à cheminer assez haut, entre 3400m et 2900m, en passant au Sud de l’Aneto. C’est à Posets que je déciderai de passer par le nord du Perdido, car dans son sud les nuages sont plus bas et les bases moins régulières. Longer la crête à l’ombre ne se fait pas tous les weekends ! Le retour sur l’Espagne se fera par la vallée de Torla, en local de Broto, et je récupère des varios sur les bosses vertes qui sont dans le sud de la Tendenera. Ça fait longtemps que je constate à cet endroit de superbes varios lors des fins de journées. Mais le temps a passé et le circuit est à l’évidence trop long pour le reste de convection. L’accrochage laborieux et le vent de face me font décider de viser un point vers la vallée de Jaca, en local du terrain, l’Orion et le pégase annonçant de bonnes conditions jusqu’aux Riglos. Entre Sangüesa et Sos del Rey, je fais mon demi tour final et vais me poser, avec un vent de Nord-Ouest conséquent sur la piste. L’aller retour Blancas – Bouillouses fait 487 km. Posé en dernier, j’espère que le lendemain sera meilleur, mais il n’en sera rien. Deux voiles d’altocumulus provoqueront un déclenchement de la convection permettant de voler vers 16h30, je pars donc visiter les Riglos à pieds, la journée s’y prête et le panorama vaut le détour.
Florian
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5 septembre 2021Florian décolle de St Gaudens, se pose à Luchon, mais parcourt plus de 500km sur les Pyrénées
Des cheminements pas toujours homogènes, et pas toujours habituels. J’avais prévu Crabère – Carlit – Forca – Monteixo – Fronsac, soit 554 km.
Accrochage dans des ascendances moyennes mais stables, le premier cheminement se fera côté sud du Valier, puis massif Mont Rouch, ce qui m’amène avec facilité mais peu de rapidité sur le Monteixo, complètement explosif, comme d’habitude. De là, Pas de la Case par ses versants Nord, Carlit où m’attendait la pompe, plafond (3300m) et hop, go pour 200 km vers la Forca. Le cheminement sera le même mais je ferai le choix de repasser côté nord à la Bonaigue car le plafond y est plus haut. Mais les pompes seront plus molles … et je perdrai un peu de temps entre Aneto et Peyresourde. Dès que j’approcherai de Gavarnie, les pompes deviendront plus fortes, et je repasserai côté sud, comme la semaine dernière, par la vallée de Panticosa. Un cheminement plus au sud, sur les bosses vertes de la Tendenera et de la Collarada, et je me rapprocherai peu à peu du Visaurin, ou de beaux cumulus s’alignent vers Zuriza, mais pas la Forca. Il me faudra traverser un trou bleu, taper le point de virage, et continuer plus loin vers une pompe remonter, avant de re-traverser le bleu … Je pense qu’entre le ramollissement vers Luchon et cette baïonnette dans le bleu, j’ai perdu une belle demi-heure qui me manquera cruellement à la fin du vol.
J’essayais de pister Robert, mais dans son ASG29 ballasté et lui même en train de pister un Arcus et un Binder, j’ai des progrès à faire.
Je suis donc seul face aux 170 km restant à faire vers Monteixo et je vois que les cumulus commencent à s’effilocher, certains se formaient plus bas, et coup classique, à Ordesa, le plafond baissait, à l’évidence la vallée de la Pineta était humide et j’ai même entendu Noël Bravo dire « c’est tout bouché ». Je n’étais pas certain qu’il parle de ce secteur, mais avec ce que j’avais devant moi j’ai donc décidé de repasser côté français, le plafond y étant une nouvelle fois plus haut. Après avoir cheminé par le même secteur entre Forca et Ordesa, je prends une grosse pompe en thermo dynamique sur le Perdido, et arrivé au plafond, hop, en France. Je passe le secteur de Gavarnie en direction de St Lary et encore une fois, les pompes mollissent. Petit à petit, j’avance vers le lac d’Oo, je refais un plafond, j’avance vers la Bonaigue, je remonte avec le binder qui est sur le retour, j’avance sur la pointe des pieds vers Esterri, j’y remonte en croisant Robert qui rentre vers l’ouest, et j’avance tout doucement vers le Monteixo, auquel je suis forcé de renoncer à 6 km : il y a un trou bleu, j’ai peu confiance en ma capacité à trouver des pompes dans cette masse d’air qui se meurt, j’ai un col à repasser … Je fais donc demi-tour. Hélas, les pompes se défont sur le cheminement emprunté, mais en farfouillant les creux éclairés face à l’Ouest, je remonte en thermo-dynamique, notamment à 2100 aux antennes d’Esterri, et il est 19H passées … Ca fait pas haut, et il est tard. J’arrive à refaire 2900 et à passer la Bonaigue, ou je loupe le vario qui m’aurait sûrement permis de rentrer à St Gaudens. Ca pousse, mais je ne trouve pas où c’est. J’ai Luchon, il est tard, pas envie de rentrer par la route, je mets le cap.
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C’est là que ça a un peu râlé au club. Les copains par terre suivaient la trace de la balise spot, et à 19h passées, ils ont vu le point sur le col du Portillon … ils se sont dit « les gendarmes, on les appelle ou pas? » Quelques minutes plus tard, une fois posé, le téléphone sonne, et je rassure donc tout le monde, même si je sens bien qu’il y a de l’inquiétude.
A Luchon, j’ai négocié le dépannage air. mais j’ignore que je vais être remorqué par un motoplaneur ULM, le Phoenix. Il a le même moteur que le Dynamic, 105 cv rotax, je ne vois donc pas en quoi le faible vent arrière, irrégulier est un problème. Sincèrement, avec le Dynamic, il ne l’aurait pas été. Avec le Phoenix ce sera différent mais ça je ne le sais pas encore.
Je négocie avec le pilote que si je n’ai pas décollé au club house, je larguerai.
Il met les gaz. ça roule, lentement, lentement. Je regarde le défilement …. J’ai mis le premier cran de volets, je maintiens le planeur en ligne de vol et on arrive au club house : la main sur la poignée, je me décide à tirer et à cette même seconde les deux engins décollent de concert !! Fil de laine au milieu, étagement, écartement … je me fais tout petit derrière le Phoenix qui monte à 1m50 par seconde, parfois 2m. J’ai dévaché avec le dynamic un DG505 Orion à Luchon par grandes chaleurs en aout 2016, et dans le même sens on avait 2m50 …
Bref, le pilote fait un 360 dans la vallée, on prend une cinquantaine de mètres … et on met cap au Nord. J’attendrai d’être à finesse 22 pour mettre le cap en solo à 200km/h, me poser juste à la fin de la journée, et démonter le planeur.
Si j’avais pris comme point la Bonaigue, j’aurais fait 60 km de moins, mais bon … je faisais un prévu.
Avec le recul : la Forca n’était pas un bon choix de point. Zuriza est mieux placé. Quitte à avoir 15 minutes de plus, au lieu de quitter la confluence vers la Forca, mieux vaut virer Isaba. Egalement, au moins dans le sens Monteixo – Forca, passer au sud plus n’aurait pas forcément été un mauvais plan. Plus bas, mais mieux établi, plus régulier. Quand tu dois retourner en France, mentalement c’est un choix difficile à prendre. Je crois que Robert l’a fait, mais bon, j’ai vu les champs d’Esterri à 19h … La Pena Montenesa, la sierra Ferreira et Cotiella auraient sûrement été bien meilleures sur le coup de 15h.
Du coup je fais 577km en libre optimisé par la netcoupe, au gré de mes zigzags. C’est plus que le 554 prévu, mais c’est un peu moins « rémunérateur » au score. Tant pis, j’ai beaucoup appris hier et je me souviendrai longtemps de ces observations.
Florian