16 avril 2021

On l’avait un peu oublié: A Oloron, on peut faire aussi des vols de plaine, malgré les zones restrictives au nord.

La mémoire humaine est sélective. Les statistiques météorologiques permettent d’atténuer les effets médiatiques de phénomènes finalement peu exceptionnels à l’échelle d’un siècle. L’hiver d’avril après l’été de mars ce n’est pas une surprise. C’est même une constante qui a donné naissance au proverbe « en avril, ne te découvre pas d’un fil ».

Cette année ne déroge donc pas à la tradition: on a eu l’été de mars, on a l’hiver d’avril. Ce qui est plus rare c’est l’amplitude du phénomène. Fin mars souvenez vous, on a eu des conditions rares sur le relief, et là, depuis une semaine on se pèle, les bourgeons sortis trop tôt sont grillés par le gel, calamité agricole sur presque tout le pays. On ne parle pas encore de sècheresse dans les medias, pourtant le déficit pluviométrique qui nous convient bien a de quoi inquiéter le monde agricole, en plus du gel. Ce courant sec de Nord-Est est favorable au vol de plaine. La masse d’air n’est pas humidifiée par l’Atlantique ou la Méditerranée, les niveaux de condensation et donc la base des nuages sont élevés.

Dire que je n’ai jamais vu cela serait mentir. Mais une vague impression de « plus rare » persiste. Découvrant sur les modèles hier que la couche convective aura 2000 mètres voire plus d’épaisseur aujourd’hui m’a laissé incrédule.

On décolle donc un peu après midi en début de convection. L’idée est de se chauffer, en attendant que ça déclenche pour de bon pour décider de la destination. C’est un peu foireux près du 1er relief, et puis ça se matérialise: cap au Nord. Dès le 1er contact avec Pyrénées on annonce la couleur: on vise Cahors. Je n’y crois pas trop, mais c’est plus raisonnable que d’aller narguer la maire de Poitiers à la verticale de sa mairie[1], je passe sur les idées folles de rêves d’adultes qui nous ont traversé l’esprit. Pyrénées nous annonce immédiatement que les zones de Marsan sont et seront actives, et propose même de tenter pour nous une négociation de transit avec les militaires. On décline (la perspective d’être autorisé puis viré ensuite sauf si on reste en dessous de 1000 mètres , mauvais souvenir lointain, fait réfléchir), et propose un contournement par Auch, ce que l’on fait d’ailleurs sans souci. Le plafond est bien celui annoncé par les modèles. Il y a bien quelques trous bleus, mais le vaisseau les traverse sans trop perdre d’altitude. Pyrénées nous bascule avec Toulouse, qui annonce avoir les éléments quand on les contacte: ça se passe hyper bien avec le contrôle. Le franchissement de la Garonne à Moissac est un peu plus délicat. Avec Pierre on ne peut s’empêcher de faire une analogie avec le franchissement du Duero vers la forêt de Soria lorsqu’on circuite au départ de Villacastin. Et de fait, la garde au sol est aujourd’hui comparable à celle de la Castille en juillet, et bien supérieure aux 1000 mètres habituels sur le piémont pyrénéen. Entre Garonne et Lot, on a jusqu’à 2700m NH de plafond. Le transpondeur nous dit qu’on est au niveau 85 lorsque le contrôle nous demande jusqu’où on va monter! Il lui faut aussi gérer quelques rares vols commerciaux en descente vers Blagnac… La limite du SIV de Toulouse passant entre Cahors-aéro et Cahors-ville, nous somme invités à contacter… Clermont Ferrand. Pour un planeur d’Oloron, cela serait une première à n’en point douter. 

Auch. Un œil exercé reconnaitrait la cathédrale. On est un peu haut et loin pour faire du tourisme photo de détail.

Auch
Cahors

Cahors est installé dans un méandre du Lot

Le pont Valentré

Pont Valletré

On fait la photo du pont Valentré et après une tentative avortée de contact avec Marsan (trop loin, com foireuse, on envisageait un retour par Bergerac, et traversée de leurs zones ensuite), retour par le même itinéraire en obliquant ensuite vers Saint Gaudens, avec un retour…. sur le relief, on ne se refait pas. L’occasion d’avoir des images du fleuve qui irrigue le Sud-Ouest depuis des points de vues différents.

Golfech

La Garonne et le canal de dérivation de l’eau destinée au refroidissement de la centrale nucléaire de Golfech

Une partie de l’eau vaporisée abaisse parfois localement le niveau de condensation au droit des tours de refroidissement

pompe
            nucléaire
St Gaudens

Saint Gaudens. En haut à droite la Garonne et la dérivation de l’usine électrique classique de Saint Sernin, près de Pointis Inard

La crête de Bacanère enneigée et au 1er plan la Garonne et les carrières de marbre de St Beat. A droite c’est un peu bouché sur Luchon. Il neige en altitude

Saint Béat
Montaigu

Le Montaigu (2339m) est bien enneigé. Et nos pieds commencent à être bien froids. On n’est pas équipé « onde ». Il est temps de rentrer.

Aujourd’hui, un planeur moins performant aurait pu circuiter sur le même axe en tournant moins loin, sans réelle difficulté.

carte

La montagne est belle.


[1] Allusion à une déclaration de la maire de la ville sur le rêve aérien des enfants, qui a agité la planète aéronautique française la semaine dernière

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