Confluence, encore. 

23 avril 2021

La situation ressemble un peu à celle du 31 mars. Régime faiblement Sud sur le relief, mais la masse d’air en basse couches arrive de l’Est. La différence est néanmoins de taille: pas (encore) de sable pour flouter la visibilité qui est cristalline, et il fait plus frais. 

Le remorqué est délicat. On est en début de convection, longer le relief avec de longues plumes dans une turbulence sévère et étroite avec un avion qui fait le yoyo n’est pas ma tasse de thé. Au troisième yoyo, on largue. Inutile d’aggraver la situation. On est au niveau de la crête du Mail Arrouih à 1300m. La pompe est virulente et nous propage vite à 1700m, mais il va falloir un bon moment encore avant de passer au dessus de la crête Aspe Ossau. C’est un départ vélivolement élégant, mais évidemment plus laborieux que de se faire remorquer directement vers le Lauriolle. La plupart du temps un largage bas ne permet pas de sortir de la masse d’air inferieure mais aujourd’hui, il n’y a pas de couche d’inversion et le niveau de condensation monte dans le relief. Il faut juste trouver la pompe qui permet d’avancer vers une zone meilleure, en évitant d’essayer de raccrocher à l’ombre de la dite confluence: pas de soleil, pas d’ascendance. Cela nous prendra tout de même 35 mn pour arriver au « front » ou « plafond » de la confluence, sous la partie la plus haute des bases, décalée coté chaine et à 2900m. Et quand on y arrive, le cheminement est tout tracé, alors que 10 minutes avant on ne voyait pas encore avec certitude où cela allait se passer.

depart
coupe
Roumendares

Du monde sur le Roumendares

A gauche une chandelle de confluence et à droite, au sud du Gabizos le plafond max: c’est la route à suivre
Cheminement

Aujourd’hui, c’est tournée des stations de ski, vous savez, ces endroits de la montagne où on glisse sur la neige au moyens de planches à bouts courbés après avoir été hissé au sommet par un remontée dite mécanique. J’écris ça, parce que les circonstances 2021 font que peut être certain lecteur aurait oublié ce que sont les sports d’hiver.

Gourette, Cauterets, Luz Ardiden, Grand Tourmalet, St Lary, Val Louron, Peyragudes, Super-Bagnères, Baqueira, Granvalira. Et retour presque par le même itinéraire. On a observé qu’à l’Est de la Garonne,  la confluence était plutôt, comme annoncée, sur un axe Trois Seigneurs – St Barthélémy (coté Ariège donc) mais le coté Espagnol donnait aussi bien. On pouvait y naviguer en gardant le local du coté français.

Peu de planeurs  en l’air, mais quelques uns quand même. A qui nous demandait à la radio si on était allé loin à l’Est, on a répondu qu’on ne savait pas bien où on avait tourné car on connait mal la région. Y a pas eu de réaction audible, mais ça a du bien rigoler dans les cockpits.

Vignemale

Lac de Gaube et Vignemale emballé. Le vent est incontestablement de secteur Sud

Pla de Beret et station de Baqueira. ça a bien fondu sur le bas depuis le 31 mars, mais en altitude il y a partout de la neige fraiche (et blanche)

Baqueira
Soulcem

Etang de Soulcem et au loin la confluence sur les 3 seigneurs.

Photo au point de virage. Vous connaissez. 

Soldeu

Confluence
La confluence est installée au Nord de Luchon en liaison avec l’ariège à l’Est et l’Arbizon à l’Ouest (on n’est pas dedans mais dans la masse d’air du val d’Aran au moment de la photo)

planeur

Vous aussi, cherchez le planeur qui se cache au dessus de la face Ouest du Céciré. (sans flarm sur votre ordi, c’est plus difficile n’est-ce pas?)

Peyragudes. Sans neige, c’est une peu triste, mais on est en avril… A droite, la piste de l’altiport.

Peyresourde
Lac Nère

Le Néouvielle à gauche et les lacs Nère et de Tracens encore gelés mais rouge-sahara.

Jusqu’au Soussouéou, ce plat situé entre Artouste et Gabizos, le vent de sud était discret. Et puis là, c’est devenu turbulent et difficile à enrouler. On n’est plus, à altitude similaire, protégé par le relief. L’air s’engouffre dans le col du Pourtalet qui est à moins de 1800m. Quand on parcourt la chaine d’Est en Ouest, c’est le point le plus bas depuis… La Llagonne. Avec une composante de vent de Sud Est, c’est la 1ere sortie basse vers le Nord depuis loin à l’Est, et cela explique aussi que bien souvent ça souffle plus fort sur les crêtes basques, même en absence de gradient de pression dû par exemple à l’approche d’une dépression atlantique. On a sauté la crête Aspe-Ossau au sud du Turon de Sesques, et trouvé une pompe partant de cette vallée descendant vers le chemin de la mâture, mais appartenant à un aigle royal un peu agressif, que l’on a fui avant que cela ne devienne conflictuel. Il nous a suivi le têtu, mais était plus bas à la pompe suivante (bien fait!) laquelle était hachée, comme tout ce qu’on a essayé d’enrouler ensuite en face Ouest du Sesque. Sous le vent d’une crête même ensoleillée c’est rarement cool. On a raccroché sur les orgues, et poussé un peu à l’Ouest par La Pierre St Martin. On est en avril, mais il y a encore des incendiaires en action en terre basque, coté Nord. Le préfet les a d’ailleurs dans la soirée rappelés à l’ordre: pas de feu autorisé ce week-end. Vent de Sud et déficit hydrique notoire (moins de 100 mm depuis début février, c’est ce qui tombe en un mois normalement). il pleut à partir de lundi prochain ça va calmer le jeu.

ecobuage
arbailles

La confluence allait presque jusqu’à la côte, mais il y a un moment où il faut raison garder, surtout en ce moment. On s’est arrêté sous ce cumulus

Les sommets basques depuis la verticale des Arbailles. C’est plutôt lors des vols d’onde qu’on les voit, mais finalement moins bien car sous un angle plus vertical.

sommet basques

On est rentré bien avant la fin de la convection.

La montagne est belle.

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