Alp 2016

épisode 9

haut relief +


retour


 


Samedi 28

Le bulletin météo est formel: orages fortement probables à partir de 17 heures et dégradation nuageuse à l'Ouest avant les orages. Florian a annoncé qu'il rentrera tôt pour démonter le planeur, mais ne précise ni le jour ni l'heure, comme la suite de l'histoire va nous le montrer.

 

On décolle avec Pierre dans l'albatros à 11h30. Deux avions remorqueurs étant activés, le Janus ne tarde pas à nous rejoindre. La zone de départ est magnifique.

 

janus

Le janus dans la zone d'accrochage.

Le plafond s'abaisse vers l'Ouest plus vite que le planeur ne descend.



 

 

Seul bémol, il est tôt, et les nuages sont un peu bas sur les crêtes. On est même obligé de sortir les aérofreins pour ne pas se faire avaler par le plafond qui descend vers l'Ouest: Ies nuages y emballent même l'antenne qui domine Andorre la Vieille coté Est, point de départ de la traversée de la principauté, et sont plus bas encore de l'autre coté. Comme il n'est guère question de traverser, on revient vers le Carlit en attendant que le plafond remonte, avec vue sur la constellation de lacs située à l'Ouest et au Nord des Bouillouses.

 



Lacs et refuge de Camporells


La face Est du Puig Peric




Puis, par un cheminement plus central, donc plus sec, et donc aux bases de nuages plus élevées on avance par le Pas de la Case.

 

La, station du Pas de la Case. La dissymétrie de l'urbanisme a une cause: la rive droite de l'Ariège est en France avec une  exception: le pont et le rond point ont fait l'objet d'une vente de territoire aux Andorrans lors de la construction du tunnel d'Envalira

 

On chemine jusqu'au Monteixo où le vent est favorable au vol de pente au ras des nuages. On les longe, jusque devant la pointe terminale de la crête.





Sur la pente du Monteixo



 C'est puissant: instabilité et dynamique sont en phase. Un coup de pied-manche à gauche pour ne pas être avalé par le nuage, petite ressource et hop, nous voilà en laminaire devant le nuage, dans un ressaut ondulatoire laminaire qui nous permet de virer haut  à Peyresourde.


En onde. Le val d'Aran est devant. Loin à l'Ouest un congestus sort de la couche nuageuse.

 

Peyragudes Piste de ski à droite, piste de l'altiport à gauche

Sommets du Luchonnais au 1er plan avec le Maupas dominant les lacs vert et bleu. En arrière plan, la Maladeta.


C'est le deuxième vol de ce type cette semaine. Je vais finir par croire que ce genre de situation est courante ici. On revient du Luchonais en finesse en longeant les nuages sans enrouler une pompe, pour virer à Montlouis à 2900m. 150 Km de surf silencieux.

 

L'aérodrome de la Seu. Au-dessus des cumulus, on aperçoit une enclume très loin au sud. A surveiller.

 

 

La masse d'air ne semble pas dégénérer en cunimbe, bien que depuis un moment on aperçoive des enclumes suspectes, loin au vent, qui dérivent forcément sur nous. On va donc, tout en les surveillant,  voir le Rubio, où nous avons viré hier avec Bertrand. Puis on pousse vers Pont de Suert, mais la masse d'air n'est plus aussi favorable. Grands espaces bleus, pompes carrées, et étalement qui gagne le relief par l'Ouest. On s'arrête là. Deux planeurs sont justement à l'Ouest: B enoit avec Florent sur le Janus, et Florian sur son DG. Ils ne raccrochent plus. Le meilleur choix eut été de ne pas tenter d'aller par là à cette heure, le modèle météo généré la veille ne donnait rien de bon vers 17h00 locale. Les modèles sont parfois farfelus dans le détail, mais se trompent rarement sur la tendance.

 

  

 

Ce qui est fait est fait. Ils sont en local du champ de Sort, et du terrain ULM de Castejon de Sos. Le champ de Sort a été visité dimanche dernier. L'herbe y est très haute, ce qui évidemment est invisible d'en haut:

 

 

 

Un démontage de nuit sous la pluie dans de l'herbe haute, ça vous dit? Sans compter le cheval de bois où les buses scélérates masquées à l'attero. "On va se poser à Castejon" annonce Benoit alors qu'on est sur le plan de finesse + 700 mètres au Km 50 pour Alp. " La nuit va être longue, mais ce choix est le bon", pense-je tout haut dans l'Ash25: le  terrain ULM est sûr à l'atterrissage, mais trop court pour en redécoller derrière un remorqueur. Il faudra aller les chercher avec leurs remorques. On se pose quant à nous avant l'orage, on protège l'Ash, le Lak en est mis boite en prévision du retour demain, il sera prêt pour le voyage de retour demain, et en route alors que la pluie arrive et que le jour décline.

 

On a échappé à ce cunimbe là, on aura les suivants.

 

195 km aller, par une route franchissant trois cols et ne comportant aucun tronçon avec une ligne droite de plus de 100 mètres de long. Je suis l'un des chauffeurs, bien conscient qu'il va falloir gérer l'éveil. Grignotteries à bord, coca dans la glaciaire (un peu tiède mais bon) et pas d'effort de levage pour protéger ma putain de cheville toujours douloureuse, dont je vous fait grâce des photos. Détente dans la voiture pendant que les cing autre équipiers mettent en boite.

 


Florian a pris des photos de Castejon, que je n'ai jamais vu que d'en haut, de jour. Le site est magnifique


C'est le seul terrain sûr entre Jaca et La Seu de Urgell.


 

 

Le dépannage se fait à la lueur des phares. Ensuite il est vraiment trop tard, même pour l'Espagne, pour l'omelette traditionnelle des dépanneurs, et c'est une bonne chose, car pour le coup j'aurais été incapable de conduire 200 bornes rassasié. Il aurait fallu coucher sur place. J'avais le duvet dans le coffre au cas où.

 

Mise en boite du Janus et du DG à la lueur des phares, sur le terrain de Castejon, après l'orage.

 

Le voyage de retour s'est bien passé sans sommeil, avec des passagers actifs pour veiller au grain. Florian a donc tenu promesse: il est rentré tôt. Ce dépannage double à 195 km de la base avec une route tortueuse restera tout de même dans les annales

 


La carte du jour:

En rouge la trajectoire en Ash, en bleu celle des voitures de dépannage du Janus et du DG.


Carte

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