Quand Pierre raconte....
Le vol d'essai
du « BE »
... et de la question du sexe des Libelle...
5 juillet 2003
Cela faisait
un sacré bout de temps que le Libelle dormait dans son berceau,
à l'atelier. Il était enfin ressorti, avec une allure
superbe : son gel-coat d'origine rendu tout brillant, les petites
corrections mécaniques effectuées. Michel avait
commandé un kit 'd'étanchéité', et la
veille, j'avais transpiré dans le hangar pour coller tout
ça.
Juste avant de décoller, dernier
réglage des gouvernes, recalage des ailerons un poil en
négatif. Vers 15 heures, beaucoup trop tard à mon
goût, je décolle enfin pour le vol d'essai. Florian avait
déjà décollé, redécollé
même, et il avait disparu depuis belle lurette, en
annonçant des conditions correctes.
Je met donc le cap vers Arthez, avec
des varios assez faibles, en montée comme en descente. Dans ces
conditions, le Libelle est impressionnant de facilité : il
grimpe comme un bouchon, et pourvu que les vitesses de transition
soient raisonnables, il avance plutôt bien. La variométrie
marche bien, même si la compensation n'est pas terrible. Mais
avec une planeur de cette masse, ce n'est pas vraiment grave.
Le départ est assez lent, la
couche de cumulus est très soudée et gêne le
départ des pompes. Mais dès le passage au nord-ouest du
gave d'Oloron, les conditions s'améliorent. Je progresse
raisonnablement jusqu'à Arthez, sous contact avec Pau Uzein au
cas où le vent d'ouest m'aurait rabattu vers la piste. Le trafic
est faible, le contrôleur lucide : il se fait les questions et
les réponses "Vous avez un transpondeur à bord ?" "Faut
pas rêver !!!".
Le plein vers Arthez, puis cap sur
Aire, qui était mon objectif. Je dis ça comme ça,
mais en fait je fais le plein sous chaque cumulus, pas très
confiant dans ma capacité à remonter la bête du
fond d'un trou (en fait, plus tard et sous d'autres cieux, j'y
arriverai). Tiens, un planeur qui spirale du côté de la
piste à Aire. C'est Florian qui m'attend avec le Pégase
F-CGET. Je le rejoins et propose d'aller faire un tour à Nogaro.
Un Duo Discus nous dépasse, en arrivée sur Nogaro, sans
doute.
Nous n'irons pas à Nogaro :
passé Riscle, les cumulus sont moins francs, les pompes moins
marquées. Tenter Nogaro c'est s'y poser. Tant pis.
Cap retour, les deux planeurs parfois
en patrouille, parfois plus éloignés. Nous
avançons au même rythme, en fonction des choix de chacun.
Vers l'ouest, cumulus à perte de vue. Allons voir Hagetmau. Sur
Hagetmau, nous rencontrons un peu les mêmes conditions
qu'à Riscle. Le Libelle grimpe vite, et je me retrouve
accroché aux barbules. Pas le Pégase. Florian a du mal
à monter et je commence à m'inquiéter : les nuages
disparaissent et les pompes faiblissent. Y a des champs, mais pas gros.
Il vaut mieux ne pas trop traîner par ici.
Donc cap sud, tant pis pour le plafond.
Au sud, y a du soleil, des cumulus et des champs. Si tout va mal,
Florian pourra toujours s'y poser. Parce que vers Hagetmau, c'est pas
génial. Arrivé vers Arthez, les conditions
s'améliorent et Florian raccroche, fait le plafond et me passe
devant (impertinent !).
Nous voila déjà en local
d'Oloron, et je décide de faire quelques essais, pour voir.
Sur de courtes distances, pas de
différences entre le Pégase et le Libelle à 90
km/h, et plus surprenant, pareil à 150 km/h. Les
accélérations sont plus lentes, quand même. C'est
l'effet du kit d'étanchéité ? Et avec cette
météo, le Libelle est plus efficace dans les
cheminements. Essais de décrochages, mises en gardes, VNE : tout
est OK.
230 km pour un vol d'essai de 3h, je
suis content.
Au fait, partout dans le monde
vélivole, on parle LA Libelle. Pas chez nous. Ici c'est LE
Libelle. Allez donc savoir pourquoi. Moi, j'aimerais bien qu'on dise LA
Libelle. Je trouve bien des traits féminins à ce planeur
: un comportement doux quand tout va bien, rétif quand les
conditions se dégradent et parfois désagréable
dans la turbulence. Bref, un planeur très attachant, et beaucoup
plus efficace que ce dont je me souvenais.
Pierre M.
Lire aussi le récit de
Florian