Villacastin 2013, de la grande Castille

 

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Dimanche 7 juillet

Récupération des planeurs à Oloron.

La station service dans la descente de Canfranc à Jaca est fermée. Pourtant c'est un distributeur de grande marque. C'est le premier signe visible de la crise qui touche l'Espagne (on en verra d'autres)  mais est aussi une conséquence de l'augmentation de la fiscalité pétrolière dans le pays. Le diesel est actuellement moins cher chez Carrefour en France, que côté Espagnol.

 

L'autovia mudéjar en construction, qui relie Valencia à Pampelune, a un nouveau tronçon ouvert. Un viaduc permettra de passer de la rive nord à la rive sud du Rio. Sa hauteur semble exagérée. Elle semble anticiper l'agrandissement de la réserve d'eau de Yesa,  prévue et combattue de longue date par tag sur les murs. Sera-t-elle un jour agrandie par rehaussement du barrage? Le lac de Yesa est déjà le plus grand des Pyrénées. Une réserve pour l'agriculture du bassin de l'Ebre. Cette année, hiver et printemps pourris obligent, il est à sa cote maxi, les arbres qui le bordent sont noyés.

 

A notre arrivée à Villacastin, Il fait plus de 30° à 21heures, et  plus de 20° le lendemain matin. L'adaptation à la chaleur va prendre deux jours.

 

Lundi 8 juillet

Montage au calme, puis repos avant décollage. J'ai décidé le matin que je ne mettrai en piste que si j'étais en forme physique, tant pis si c'est un décollage tardif. En plus, c'est du thermique pur, mais contrairement à l'an passé où à même époque on a rampé, les sommets des pompes sont au delà de l'altitude de vol maximale autorisée. Ayllon, Sepulveda, Cuellar, Avila, et fin au km 50 à l'ouest. 319 km en thermique pur, ça commence très fort. Pas d'image, mon appareil photo est resté à la casa rural. Il avait lui aussi décidé un démarrage cool...

 

Mardi 9 juillet

Fort risque d'orages. On démonte et on va à la piscine. Les orages seront sur Gredos (violents vers Ocaña) et à l'Est de la sierra. Rien d'orageux à Villacastin, mais une belle confluence Nord-Sud aux bases très élevées s'installe vers 16h00, et donnera des orages en dérivant vers Madrid en soirée.

 

Villacastin

 

Mercredi 10 juillet

Remontage.

Le cumulus sont de retour avec des bases à 3500 mètres et 4200 mètres sous la confluence. Mais en basses couches la visibilité est crapoteuse depuis ce matin. Un gros incendie a eu lieu hier quelque part au vent de Villacastin, et cela a dû brûler toute la nuit car l'horizon au nord est poussiéreux. J'ai d'abord cru a une entrée "marine", enfin une masse d'air différente et plus humide. Robert qui forme des élèves dès le matin annonce qu'il est à la limite de l'IFR, et qu'il est en passe d'être fumé comme un jambon. Heureusement cette crasse accumulée pendant la nuit dérive et se dilue vite avec le démarrage de la convection, mais j'avoue avoir hésité à décoller avant d'avoir la confirmation qu'il s'agissait de fumée.

Le départ est facile, accrochage dès la fin de treuillée, plafond légal atteint dans la foulée, on est vite à Avila où l'on n'est plus limité en altitude.

 

La présence de lotissements vide à vocation industrielle ou d'habitation a proximité de toutes les agglomérations d'une certaine taille est frappante. Seul existe un mailage de routes goudronnées, peintes avec parking handicapés et passages piétons tracés sur un enrobé impeccable. La plupart sont là, inchangés depuis plusieurs années. Celui de Villacastin existe depuis que nous y venons voler, Arevalo a sa zone fantôme, et la palme revient à Avila au trois quart cernée par des lots fantômes. La dette de la ville doit être proportionnelle à la surface préparée et inhabitée.

 

Avila

 

La suite de la promenade est classique. Cap sur Gredos avec des bases de cumulus à 4200 mètres si on se place du bon coté de la confluence. La zone entre Paramera et Gredos est la meilleure, plus à l'Ouest les plafonds baissent.

 

Gredos

 

Pour faire des kilomètres, il fallut sauter sur la sierra de Bejar pour ensuite récupérer un alignement de cumulus menant  vers le Portugal. Deux trous estimés à 12 et 15 km chacun. J'ai sauté le premier mais pas essayé le second, les pompes carrés et fugaces ne poussant pas à la témérité

 

Covatilla

Station de ski  de la Covatilla sur la sierra de Bejar. Sommet des remontées vers 2300 mètres

Le lac de Sta Theresa, et la plaine irriguée de Salamanque en arrière plan

lac de Sta Theresa

 

 

On rentrera en faisant un détour par Arevalo qui est construite en amont du confluent entre le rio Arevalillo et le rio Adaja, qui ont entaillé un plateau formant un site facile à défendre.

La zone industrielle installée vers le Nord-Ouest en bordure de la route de la Corogne est flanquée de son lotissement fantôme comme partout ailleurs.


Arevalo

Arevalo

 

L'altitude maximale autorisée étant maintenue, on prolongera le vol par Coca et Fuentemilanos, en faisant quelques images de planeur au dessus du blé, sur fond de ligne TGV, avant une arrivée  avec un plan confortable. 299 km sans stress. C'est comme cela que j'aime la Castille.

 

en patrouille

 

Jeudi 11 juillet

Ce matin les éoliennes tournent dans le bon sens, opposé à la manche à air du terrain, ce qui laisse présager l'installation d'une confluence ou au moins de cumulus du bon coté (le nôtre) de la sierra. Bingo! La confluence est verticale terrain. Tellement verticale qu'il faut retarder une treuillée car une vingtaine de vautour sont en accrochage sur la trajectoire.


Vautours
              dans l'axe     1ere bulle

   

On est prêt, ça déclenche fort!    Mais les vautours sont nombreux sur la trajectoire de la treuillée. Patience.

 

On décolle, on monte et on fuit le congestus devenant cunimbe qui se forme sur place, et pètera aussi sur place, avec vent fort sur le terrain. On arrête la promenade vers Ayllon au km 121, car la voie vers Soria est bleue.


Ayllon.

Ayllon

 

dans le bleu vers Soria

La route vers Soria est dans le bleu, et un cunimbe se forme au delà.

Sepulveda

Sepulveda

 

Retour par Sepulveda puis Cuellar avec un long plané avant de retrouver une bonne pompe permettant d'aller voir les noeuds ferroviaire de Medina del Campo (XXeme siècle) et Olmedo (XXIeme siècle), excellents repères géographiques pour le vélivole Castillan.

 

Medina del Campo

Medina del Campo. Le légendaire Sud-Express reliant Lisbonne à Paris via Irun  passe ici chaque nuit

 

Olmedo et sa patte d'oie LGV. La branche vers la Corogne n'est pas prête d''être inaugurée. Les trains rapides vers le Nord Ouest empruntent la vieille ligne, après avoir subit un changement d'écartement bogie par bogie, la voie LGV étant à l'écartement européen et non hispanique, plus large.

Olmedo

 
En fin d'après midi on essaie toujours de prolonger le vol, tout en assurant le local du terrain de Villacastin. A l'Ouest il pleut. Mais en rejoignant la sierra il est possible de faire une petite branche sur la sierra d'Avila, tout en surveillant la dérive de la zone de pluie située sur la plaine au nord.

 

 Orage

 

Le pire scenario étant une évolution en cunimbe se fixant sur le terrain, c'est alors vache assurée hors zone orageuse. Heureusement la zone de pluie située sur un axe Salamanque-Sanchidrian, avec un noyau au km 40 semble dériver lentement. On aura le temps de faire de jolies images du grain avant de rentrer en sécurité se poser au calme. Le nuage se videra d'ailleurs sur place sans arriver jusqu'à nous. 392 km tournés, on ne va pas pleurer.
Ce soir, dîner chez les propriétaire du gîte que nous louons depuis que nous volons à Villacastin (A Campolara on campait en milieu isolé, et cela avait un charme fou). Il y a eu du changement depuis l'an passé, et jusqu'à notre arrivée on ne savait pas où on logerait! Mais la fidélité entretien l'amitié, et de clients nous sommes avec le temps devenus des amis d'outre Pyrénées. Les affaires étant en déclin, Jorge, notre propriétaire a repris le gîte pour en faire son bureau. Economie de loyer. Il retape un autre gîte, et espérait qu'il serait prêt à temps, mais rien n'étant prêt, il a fait l'intermédiaire, sans rien nous dire, avec une autre propriétaire, bref on était logé à l'arrivée, mais Jorge et son épouse Maria-Louisia se sont fait un souci d'encre, avec en plus une mère vieillissante dont il fallait assurer un lieu de vie assisté. On apprend cela dans leur patio, en dégustant des grillades arrosée d'un Tempranillo experimental de fort bonne facture.
La situation espagnole actuelle fait que nous autres vélivoles apportons un peu d'oxygène dans l'économie locale, et les commerçants qui nous accueillent à bras ouverts chaque année sont sidérés que nous soyons toujours là, tels des oiseaux migrateurs, chaque année. Ne les lâchons pas.

 

Vendredi 12 juillet

 

Grand tour de Castille. Les ventilos tournent dans le bon sens, ce qui signifie que la confluence sera du bon coté, et ça se vérifie. il faut vite partir car ça va tourner au Cunimbe à Villacastin.... On s'en fout, on est loin quand cela pète.

 

Salceda

Sur la Salceda. Cela tournera vite au cunimbe dans ce secteur. Il faudra rentrer par un autre cheminement.

 

Comme la veille, après Ayllon, pas de route vers Soria. En lieu et place du bleu, il y a un congestus monstrueux, qui risque de gêner le retour d'une branche sans potentiel. Je choisis donc un cap vers Arenda, pour voir. Cela fait plusieurs années que je n'ai pas réussi à me promener dans le nord du terrain de jeu, les conditions n'étant pas favorables, et surtout avec toujours des retours long-courrier se terminant d'ailleurs au tas.


Embalse de Linares 

 

L'embalse de Linares del Arroyo est sur la route, avec Maderuelo posé sur un morceau de plateau dominant le lac. Ce lac de 8 Km de long est verrouillé par un barrage implanté là où la gorge ne fait que 50 mètres de large. Vers Aranda on franchit une portion de l'A11, qui reliera un jour Saragosse au Portugal.

 

A11

Echangeur en devenir entre l'A11 et l'autoroute Burgos-Madrid

 

Il y a encore du boulot avant que ça ne soit opérationnel, et aucun engin de chantier n'est visible sur le secteur en travaux. Ensuite Arenda de Duero, (je vous fait grâce des images de lotissements fantômes, il y en a) avec des plafonds à plus de 3500 sous congestus.

 


nord arenda
L'autoroute Burgos-Madrid, entre Arenda et Lerma

 

Il faut jouer fin pour éviter la pluie, et j'arrête à 30 bornes au nord de Palencia, à l'Ouest de Burgos. Ensuite cap au sud en survolant les usines automobiles. Votre Renault a peut-être été fabriquée ici.


Palencia

Palencia, fief de l'industrie automobile espagnole. vue vers Valladolid:

Valladolid

Valladolid


Passage par le sud de Valladolid en contournant la zone de Madrid pour pouvoir conserver de l'altitude, et arriver au bout de la Sierra d'Avila. Retour en finesse depuis le dernier cumulus à 4000 mètres au km 55. 486 km tournés, sans réelle difficulté. Au sud, Paramera et Gredos sont dans le bleu.

 


Plaine d'avila
Les ventilos de la sierra d'Avila sur fond de plaine d'Avila

Congestus de fin de journée vers Cuellar
congestus


 

 


Samedi 13 juillet

Dernier jour de vol.

matin calme

 

Les cumulus apparaissent partout autour du terrain, mais à plus de 25 km. On doit donc monter dans le bleu avec un décollage vent plein travers ce que personnellement je déteste, surtout au treuil. Ce sera la journée la moins facile du séjour. Pierre Martiquet largue de justesse au début de la treuillée, son aile droite à fort dièdre relevée par le vent. Pas de dégâts mais la balise métallique de bordure de piste (un réel danger) n'était pas loin. Au deuxième essai, il retombe vite par terre. Je décolle en dernier, et retombe en 5 minutes, mais en contre QFU, il n'y a plus qu'à tourner le planeur pour une deuxième tentative. L'accrochage au deuxième essai est difficile, On rampe longtemps à la limite du plan nécessaire à un retour en sécurité, la Vz est faible et enfin ça monte en pur. Ensuite il faudra faire 50 bornes vers le nord avant de trouver les cumulus et faire un plafond. Viré au km 90, à Castronuño, sur la vallée du Duero, et le chantier à l'abandon de la LGV vers la Galice. Il faut dire qu'en 20 ans de Castille, on a vu tous les grands chantiers qui zèbre les céréales: autoroutes, rocades, lotissements et ligne à grande vitesse ont poussé comme des champignons. Une année on a découvert le chantier d'un tunnel sortant de la Guadarrama, puis ce fut la ligne grande vitesse vers Valladolid. La crise que traverse l'Espagne se voit aussi du ciel, à la vitesse d'avancement de ces grands chantiers. Celui de la ligne Galicienne est en plan: le ballast s'arrête sur l'image au pont, au delà, on a seulement un terrassement sableux, qui sans une couverture caillouteuse va vite se dégrader.


LGV Galice

 

Au retour, mise en arrivée au km 50, à 4000 mètres d'altitude pour une séquence en pur vol plané sous l'enclume d'un cunimbe qui arrose le sud de la région de Salamanque.

 

orages à l'ouest


Retour en finesse depuis loin au nord. Option de base: il n'y aura pas de pompe sur le chemin du retour à cause de la tête de cunimbe qui fait de l'ombre sur la route.

 

 

Et effectivement, c'est calme

couillus

 

C'est la Castille. Chez nous à Oloron, l'arrivée d'un orage signifie retour au hangar, et vite. Il n'y a pas d'alternative. Ici en juillet une zone orageuse majeure est évidemment possible (on en a eu par le passé) mais cette année, si les cunimbes ont été quotidiens, il n'étaient pas fatals au vol à voile. Il suffisait de les contourner, tout en surveillant une évolution potentiellement désagréable: l'enclume peut générer une ombre tueuse de convection assez loin du noyau, et la pluie en fin de journée sur Villacastin est éliminatoire ou pénalisable d'une vache hors zone de rabattants. 202 km aujourd'hui.
Ce soir diner au routier qui jouxte le terrain. On a dû y diner trois fois durant notre séjour. Effet crise? nous étions souvent seuls, même avec un diner à l'heure espagnole.

Bilan du séjour: lundi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi volé, soit 5 jours sur 6, avec des conditions vraiment castillanes celles que j'avais eu lors de mon premier séjour à Campolara, en... 1993. Les 2 semaines qui ont suivi furent aussi grandioses. De la grande Castille...


La Castille est belle

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