Les faces sud appartiennent à ceux qui osent
(et ceux qui les suivent...)
sud

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mercredi 25 mai 2011

La journée devrait être fumante sur le relief, seulement voilà, il est 13h30, et tout est bleu. Pas une nuelle, pas un cumulus. Les cartes prévisionnelles des vents donnent du sud au sud, du nord au nord : il devrait y avoir une confluence. Rien. On consulte les webcams du pic, du bleu. Et puis soudain, une tête de congestus apparaît là bas loin derrière l’Orhy, probablement à l’ouest de Pampelune.
Benoit décolle en janus, pour un remorqué qui risque d’être long. Direction la frontière, « dans les clous » c’est à dire à l’Ouest du parc naturel, et en sécurité, c’est à dire assez haut pour plonger vers Jaca. En route il aperçoit des planeurs très haut vers le Visaurin, et des cumulus en formation très loin vers Torla.
L’info est suffisante pour un largage vers les aiguilles d’Ansabère. La rotation du remorqueur dure près d’une heure, ce qui laisse le temps à d’autres cumulus de se former, et je ne décolle que vers 15 heures, mais sachant que Benoît a traversé, c’est jouable.

Faut y croire
 

Sur les crêtes frontière, largué à plus de 2000 mètres, le vent est du Nord-Est, et on se laisse dériver dans du zéro vers le sud. Dès le largage, c’est le local de Jaca qu’on assure. On oublie le coté français.
Benoît à trouvé une belle dégueulante là ou ça monte habituellement au Visaurin, confirmant un fonctionnement sous ondulatoire assez violent. En possession de cette info précieuse, je vais directement me récupérer sur les croupes vertes (La Cuta) mais sans vraiment réussir à passer 2400 mètres. C’est chaud, mais les cumulus là bas vers le mont Perdu sont superbes. Il ne faudrait pas que le vol en panier à salade s’éternise, parce que c’est fatigant. Enfin une pompe sur les croupes de Villanueva permet d’aller chercher le meilleur au sud de la Tendenera en longeant la Partacua, et là, commence enfin le festival.

 
Sierra de Partacua
Les sommets de Gavarnie… vus coté Sud. A gauche Taillon et Brèche

 
Le parcours habituel des faces sud est avalé avec une facilité déconcertante. Les bases de la confluence sont à 3500 mètres, car il y a bien une confluence, mais située une fois n’est pas coutume, coté sud du haut relief. Cela explique le vent de Nord-Est au Visaurin avec la dégueulante associée. La confluence s’aligne depuis le Mont Perdu jusqu’au bout du parc d’Aigues-Tortes, au sud des Encantats. Sur le coté haut relief de la confluence, on observe des bases beaucoup plus élevées, un classique déjà vu coté français.
 
Rencontre sur l’arête sud de Posets, avec la station de ski de Cerler en arrière plan.

Le jeu consiste donc à chasser la pompe au vent de la confluence, et on voyage alors très haut, pour du thermique : 4400 mètres devant l’Aneto.
Tandis que Benoît qui avait une heure d’avance au départ, vire du coté d’Alp, j’arrête les frais au bout du parc d’Aigues-Tortes, sur les lacs de St Maurici : il est déjà 17 heures.


Plus de 20 lacs dans la même image : unique sur le relief pyrénéen . St Maurici et le Pic de Peguera
 

Le retour se fait sur le même cheminement, Aneto, Posets, Urdicetou, Pene Blanque.

Posets face Est. Derrière le sommet on aperçoit le pic du midi de Bigorre
 

A l’approche du Mont Perdu il faut faire un choix : tirer tout droit (le plus tentant et le plus court) ou plonger en face sud par le col d’Anisclo, au prix d’une solide perte d’altitude, cette dernière option étant la bonne, car on est assuré de trouver une zone ascendante qui se déclenche sur le canyon, alors qu’en général rien n’est à espérer coté français.


Le Mont Perdu, face Nord-est. Plafond à plus de 4000m coté Sud.

le canyon d’Ordesa


A l’Ouest le ciel est bleu. La visibilité est excellente et il n’y a pas un cumulus avant ce qu’on estime être le Visaurin…. A 50 km. Il faut donc se coller au plafond (4200 mètres quand même) et se dire que de la-haut, à 75 km d’Oloron, on a largement la finesse pour rentrer, à condition toutefois de ne pas cheminer dans les dégueulantes.

Sauriez vous estimer la distance à laquelle se trouvent les prochains cumulus ?


 
J’avance donc vers l’Ouest, collé au plafond, loin au-dessus de la zone dégueulante déclenchée par la Tendenera et la Partacua. Ce n’est qu’au niveau de la Collarada qu’on se retourne pour constater que la confluence à l’Est du Mont Perdu a évolué en cunimbe

 
A gauche de l’image l’Ossau. Vue sur les lacs de Piedrafitta et Sallent de Gallego, à droite le Garmo Negro et Balaïtous.


Vue vers l’Est depuis la verticale de Villanueva, en aval de Canfranc




Il se fait tard. Une dernière pompe du coté de la Forca, et on part perdre de l’altitude vers le Pic d’Orhy avant de rentrer à la maison. En fait, depuis le canyon d’Ordesa, le local d’Oloron a été continuellement assuré. En fin de journée, il vaut mieux éviter un point bas fatal…. Benoît, qui n’avait pas pu faire le plafond à Ordesa, s’est fait dégueuler sous le vent de la Tendenera puis de la Partacua et a dû batailler dur coté sud pour avoir l’altitude suffisante pour passer la frontière et rentrer à la maison. Il y a eu un petit moment d’inquiétude.
 
Le pic d’Orhy avant le dernier plané vers Oloron


La vie est belle

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