Quand Vivien Raconte...
Quelques trucs pour naviguer haut

onde
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24 mars 2010


Mes statistiques méteo perso de ce début d'année sont sans appel :

15 journées de sud depuis le 1er janvier, mais 9 « circuitables » et 2 ou trois favorables au grands vols au départ d’Oloron. La cause, plus de journées d’onde humide avec montée haut difficile, voire à composante trop Sud-Ouest. (branche Est = aller simple, enfin pour un pilote moyen), quand ce n’est pas une tempête violente où ceux qui ont décollé  se font secouer en remorquer de façon violente et peur à l’atterrissage.

Les conditions étant favorables, Florian, qui a testé les journées précédant la tempête Xinthia avec la Libelle, se met en l’air en fin de matinée, je suis le mouvement à 14h00.

Il y a pas mal d’instabilité, ce qui laisse présager un remorqué turbulent. Pour éviter au maximum la lessiveuse derrière le remorqueur, il est prudent d’exploiter tant que faire se peut les ascendances au Nord-Ouest du terrain (on y fait des 8) avant de mettre le cap sur le point de largage idéal.

Le point de largage idéal à Oloron, si le plafond le permet, est situé au sud d’Arette, soit au droit de la montée impossible (ressaut secondaire) soit sur la crête des Issarbes. Si la masse d’air condense à 1800 mètres, on ne monte pas en laminaire dans le ressaut secondaire, car ça se finit dans la couche.
Largué là, on gagne vite en alti, et on plonge au vent pour accrocher le ressaut primaire. Cela fait un moment que l’on pratique ainsi, c’est la voie royale pour un départ facile. Attention néanmoins par vent plein Sud voire Sud-Est. On est alors sous la turbulence de l’Anie. Mieux vaut un départ du Layens ou de l’Ourdinse, en vallée d’Aspe.

Largué dans le secondaire, la 2eme montée aux Issarbes se révèlera d’une violence et brièveté surprenantes. L’aile au vent dans du +5 l’aile sous le vent qui décroche, une sale impression qu’on va passer sur le dos… deux fois de suite avant d’élargir et passer dans le laminaire en quelques secondes. 50 minutes  entre le décollage et altitude 5000 mètres. Qui dit mieux ?
La suite de l’après midi se déroule alors tranquillement, sans effort, en prenant soin de rester dans le ressaut balisé par le trottoir tout en profitant d’un paysage somptueux où il vaut mieux avoir de nombreux repères, car si les ressauts sont réputés être toujours au même endroit, la couverture nuageuse masque souvent une grande partie du sol. La plaine est absolument invisible, masquée par les lenticulaires sous le vent,

 coté plaine
et si on monte un peu plus, la plaine sera complètement masquée

…les hauts reliefs sont emballés dans la couche. La mémorisation des sites au cours des années de vol est alors utile, et les stations de ski encore enneigées sont de bons marqueurs : ce parking, c’est Super-Barrèges le Pic du midi est invisible, mais on voit le Tourmalet. Plus loin, des sommets méconnaissables (on n’en voit que le bas, vous sauriez dire où cette image est faite ?)…

 vers St Lary

Réponse (après une vérification sur la cartographie IGN) ce sont les crêtes alignées Nord Sud, qui séparent les vallées de la Neste de Saux (Aragnouet), de Moudang et Rioumajou, en fond de vallée de St Lary. En l’air, il faut, vous en conviendrez, autre chose pour confirmer, une remontée mécanique par exemple : justement sous mes fesses, il y a entre les nuages, des remontées mécaniques. Cela ressemble au secteur Espiaube de St Lary (le seul de la chaîne occidentale à avoir des remontées orientées Est-Sud-Est Ouest-Nord-Ouest. Normalement on devrait voir le lac de l’Oule de l’autre coté de la crête, si ce rotor veut bien se pousser… voilà. Point confirmé. On peut alors s’amuser à vérifier la cohérence avec le GPS, pour le fun : km 80 d’Oloron, qui n’est évidemment pas le terrain de dégagement, vu la distance, mais les infos sont cohérentes. Au retour, la route semble toute tracée dans le ciel : il ne manque que les panneaux « suivre le bord d’attaque du trottoir »

multicouches
 

On ne fait pas ce genre de vol toutes les fois qu’il y a de l’onde, mais l’analyse a posteriori de la trajectoire montre finalement un trait assez typique : une quasi ligne droite entre Peyresourde et Baztan en pays Basque, au plus haut, en prenant soin de ne point dépasser le FL 195. Grandiose.
Le retour de l’Ouest, soleil déclinant dans le dos, est toujours un plaisir visuel :

danse avec le rotor
 

Pour le premier vol de la saison, vol de calage, pas d’excentricité genre « je tente un point au diable, ça rentrera toujours », mais une gestion du timing permettant un attero avant le coucher du soleil, avec une descente aux AF sur un terrain qui semble déjà dans l’obscurité, après l’éblouissante lumière au dessus des nuages.

AF tout dehors
 

C’est l’occasion de vérifier que coté électrique, on sera toujours emmerdé avec les prises foireuses des Palm (honnêtement, un GPS est-il vraiment indispensable pour voyager ?), et les piles soi-disant neuves, tu parles, sorties de l’emballage et déjà comateuses avant d’alimenter L’ED 50. Heureusement, avant leur mort définitive, le bazar gueule une dernière fois, ce qui laisse le temps de descendre à une altitude où l’on respire sans oxygène d’appoint….
C’est aussi l’occasion d’inaugurer de nouvelles bottes acquises au printemps dernier en soldes au Colorado, état où on sait ce qu’est le froid. That was a really good bargain.

La vie est belle


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