Le treuil , enfin.

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Juillet 2009

Ça y est.
Le treuil est opérationnel.
Ça ne s’est pas fait sans inquiétude, mais les efforts des promoteurs de l’achat ont été récompensés : ça marche.
Il a fallu convoyer le camion depuis l’Allemagne à Oloron. Le faire passer aux mines après avoir ajouté des protections latérales et d’Oloron, le convoyer à Villacastin. En route le chauffeur a dû faire face à une surchauffe sur un moyeu (un serrage un peu fort au remontage), à un problème de carburation transformant la bête en escargot sur l’autovia, et à la Guardia civil attirée par l’escargot comme un hérisson par les limaces. Expliquer aux pandores espagnols que ce poids lourd n’avait pas d’autres disques mouchards que ceux correspondants aux convoyages n’a pas été simple : un camion, ça doit rouler tous les jours. Expliquer pourquoi l’amplitude légale de conduite était dépassée, là, je vous dis pas. La cause ? l’échauffement du moyeu, l’arrêt dépannage n’étant pas compté en temps de repos. Le coût du transport s’en est ressenti, ouh là.

Sur place, le groupe électrogène était opérationnel à l’arrivée du treuil. EEEEh oui. Le treuil est électrique (ça c’est écolo, développement durable) mais si on n’a pas de branchement au réseau, il faut un groupe qui fonctionne au gasoil, ce qui est moins écolo. On peut rêver qu’un jour le treuil lors de ses séjours à Villacastin, soit raccordé à une des nombreuses centrales solaires qui ont poussé sur la Castille ces dernières années…
Arrivé le soir, le treuil était en service pour une première treuillée dès le lendemain matin. Et ensuite, il n’a pas chômé, grâce aux volontaires des clubs de Bordeaux, Arcachon et Biscarosse appelés à la rescousse, et qui ont transmis leur savoir faire en prodiguant conseils et recommandations.
Il y avait Martin (représentant du constructeur), Marcel (treuillard expérimenté du club de Bordeaux), et coté planeurs Jean-Louis, un formidable pédagogue, qui a dû totaliser un nombre record de décollages sur HH et DN, avant d’aller se promener un peu sur son planeur perso.
Jean et Michel sont maintenant pleinement qualifiés pour opérer le treuil, et les lâchés treuils ont été nombreux.

treuil
Michel au commandes, aidé de Marcel. Le capot enlevé, on distingue bien le tambour droit


treuil

Coté treuil :

Un camion, sur lequel sont montés deux tambours où sont enroulés les câbles. Le treuil est installé au bout de la piste en service, de préférence décalé sur le coté. Au début des opérations les deux câbles sont déroulés sur la piste. Deux treuillées peuvent  avoir lieu en suivant, avant que la voiture de piste ne re-déroule les câbles. Le treuillard règle les paramètres en fonction du poids du planeur à faire décoller. La tension du câble se fait lentement et à l’annonce radio « tendu tendu » le câble est enroulé à la vitesse régulée par l’électronique. C’est incroyablement silencieux. Le groupe électrogène est de loin plus bruyant que les tambours. Le planeur s’élève dans le ciel tel un cerf-volant. Arrivé à la verticale du treuil, le crochet se détache tout seul : il a été conçu pour se libérer en cas de tension vers l’arrière. L’enroulement du câble s’accélère, sa chute étant ralentie par un parachute. Le parachute est en fait un élément du câble. En tension, il est séré naturellement, après largage, les lanières qui le composent se déploient. Après la dernière treuillée, les câbles sont déroulés puis enroulés en tension, un pneu trainé sur toute la longueur de la piste assurant le lest indispensable à un enroulage correct. La vue d’un pneu se promenant à 60 km /h sur la piste peut surprendre…


début de treuillée

janus au top

Coté planeurs :
On accroche le câble au planeur aligné en choisissant le fusible correspondant au poids à tracter (il y en a deux, de couleurs différentes). A partir de ce moment personne ne doit se trouver devant le planeur. Les ailes du planeur sont maintenues horizontales par l’aide au décollage dès que le câble est accroché. Suit alors une procédure radio rigoureuse :
« Villacastin, le planeur Delta Novembre va décoller au treuil »
«  Le treuil de Delta Novembre, un janus avec deux personnes à bord, prêt pour un remorquage, câble sud »
  - Villacastin, treuillage immédiat, Villacastin remorcando torno. »

Le silence radio est alors indispensable sur la fréquence jusqu’à l’annonce « treuillée terminée »

michou

Le treuillage à lieu. D’abord au ralenti, pour tendre le câble. Le pilote annonce « tendu tendu » et l’accéleration est immédiate. En quelques secondes (3 ?) la vitesse de treuillée est atteinte. Après un court palier permettant au pilote de garder le contrôle en cas de rupture, la montée se fait à 45 degrés, à 95-120 km/h selon la machine. En moins d’une minute le planeur est catapulté à 500 mètres sol pour une piste de 1500 mètres avec un peu de vent de face. Dans le planeur, il y a intérêt à être bien ficelé, avoir les palonniers un peu court, car on est bien plaqué en arrière. L’attitude pointée vers le ciel est surprenante un peu comme une ressource qui se prolongerait. Pour le pilote, C’est simple. On contrôle rigoureusement la vitesse, une vitesse trop rapide étant difficile à réduire. Si l’axe est mal maintenu (vent de travers, ce n’est pas évident) le treuilleur donne un ordre de correction « correction nord » par exemple. Arrivé au maximum d’altitude possible, le pilote rend la main pour que la vitesse ne chute pas, et cloc, le câble se libère. Deux tractions sur la poignée jaune pour s’assurer que le câble est bien parti, et hop, on cherche une ascendance, ce qui à Villacastin ne pose aucun problème. Une annonce de l’altitude atteinte, suivi de « treuillée terminée » clot la procédure.

La phase d’apprentissage pour le pilote consiste surtout à bien maîtriser palier, maintien de la vitesse en montée et rupture possible du câble. Pour l’équipe au sol, perdre le moins de temps possible pour remettre les câbles en piste, savoir récupérer le câble si lors d’un largage précoce il est aller se mettre dans les chardons, apprendre à ne jamais être à proximité du dit câble lors des opérations d’enroulage au sol, car un câble est une véritable scie à fil, et peut faire de très gros dégâts.

Un décollage derrière un remorqueur nécessite un pilote dans l’avion, un dans le planeur, un aide pour tenir l’aile. Pour décoller au treuil, il faut un treuillard, un conducteur de voiture de piste pour dérouler les câbles, qui éventuellement tient l’aile, et un pilote dans le planeur. Le nombre de personnes est comparable.  Ceci étant, si le câble a le mauvais goût de tomber hors de la piste, la manip de récupération peut nécessiter du monde pour ne point durer des heures.
Le point crucial est la qualité des liaisons radio. A Villacastin, la piste est longue…. Mais pentue : 15 mètres de différence d’altitude entre les extrémités, et une bosse masquant la vue des extrémités et celle du croisement avec la piste perpendiculaire. Les débuts radio furent un peu laborieux. A Oloron, le point faible sera dans un premier temps l’unique piste en service, et l’information des autres usagers.




treuillée
HH au décollage : ça monte raide !

pegase
Décollage d’un pégase

Exercice casse câble. A gauche le parachute est déjà bas, le planeur est en assiette à piquer pour un poser droit devant. A Villacastin la piste est longue.

HH




La vie est belle

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