Quand Florian Raconte...
Ah, les joies de l’onde lorsqu’on n'y est pas préparé …
onde

retour

13 mai 2007
onde printanière

« Tiens, le vent souffle fort aujourd’hui … il y a peut être de l’onde … mais peut être pas … bon, je prends l’oxy ? Si je le prend et que je n’en ai pas besoin, je l’aurais pris pour rien. Si je ne le prends pas mais que j’en ai besoin, il va me manquer. Allez je le prends. Et puis bon, on est au mois de mai, il ne devrait pas faire trop froid, et je ne monterai pas trop haut, alors … »

Voilà, monter dans un planeur alors qu’il y a de l’onde et tenir ce genre de monologue juste avant, avec le temps, je pense que c’est un peu comme une pré-vol dans laquelle on néglige des items. Les trois dernières fois que j’ai circuité en onde, les choses étaient préparées à l’avance, la tenue de cosmaunote, les cartes, le GPS …

Aujourd’hui j’ai eu une hésitation ; je suis arrivé tard au terrain, j’ai préparé vite fait le planeur, mais moi je n’y était pas … Décollage en petites chaussettes, petits tennis, pantalon léger et sweat-shirt à peine plus épais que le t-shirt qui était dessous …

En arrivant vers 13h, j’ai trouvé Benoît en grands préparatifs du janus dans lequel il emmenait Christian, pour un baptême qu’il ne va sans doute jamais oublier. J’avoue, j’étais sceptique en voyant Benoît s’équiper avec tenue chaude, vu la température au sol. De plus je redoutais de ne pouvoir passer en laminaire et passer l’après midi dans les basses couches d’une masse d’air convective instable, avec du fort vent de Sud-Oouest au-dessus.

Et bien je l’ai payé par la caillade de l’année !

Après un remorqué musclé, et surtout un accrochage turbulent (un rotor au trône du roi m’a mis … disons que l’aiguille du vario indiquait une descente, mais vu la position du planeur, j’aurais pu croire que je montais …) j’ai quand même accroché le laminaire juste au vent du Layens, vers 2800m QNH. La montée était spectaculaire : le vario est resté presque en butée positive jusqu’en haut du nuage, environ 700 m plus haut.  Pas de lenticulaires aujourd’hui, uniquement des cumulus entraînés par le vent, et alignés au gré des ressauts :

on top 
 

Benoît et Christian, devant, annonçaient un fort de face pour avancer vers l’Ouest. Ce n’est pas ma petite libelle qui les contredira : coincé entre Barcus et Mauléon, je n’arriverai pas à dépasser le kilomètre 30 à l’ouest, avec une montée interminable face au vent : je me suis trouvé haut, à ne plus pouvoir descendre, AFs dehors, avec 3m au vario, sans pouvoir adopter une vitesse me permettant de compenser l’équivalent vent en poussant sur le manche. J’ai alors changé de direction, et ai plongé dans une zone descendante pour changer de ressaut en retournant vers l’Est. Pierre et Michel étaient dans le secteur du pic d’Anie, et annonçaient dans le Twin un bonne zone d’ascendance. J’allais donc pouvoir récupérer l’altitude perdue ici, tandis que Benoît et Christian revenaient de San Esteban, 80 km à l’ouest d’Oloron.

nez de libelle
 
Forcément, avec un tel vent d’ouest, la transition après la remontée a été aisée, et d’une seule traite, je suis parti de la Pierre St Martin jusqu’aux environs de Cauterets, en essayant de ne pas trop monter dans les nombreux ressauts situés sur le col d’Aubisque, Aucun, et Argeles Gazost. J’ai eu très froid !!! la vitesse nécessitée pour ne pas monter et avancer a provoqué par dépression l’ouverture de la petite écope d’aération de la verrière. Imaginez vous recevant de l’air a 160 km/h, à environ 5500 m …

Le reste du vol sera un bref retour sur Oloron : le long moment passé dans le pays basque entre Barcus et Mauléon m’a fait utiliser beaucoup d’oxygène, et j’ai vraiment froid. Heureusement le retour face à l’Ouest est aisé, entre la vallée de Lourdes et la vallée d’Aspe le vent souffle moins fort qu’à Mauléon. La descente ne sera pas très chahutée, et l’atterrissage restera gérable avec un vent toutefois conséquent.
queue de libelle

cokpit de libelle
 

Un petit circuit inattendu de 150km en onde au mois de Mai. C’est merveilleux de pouvoir faire des vols comme ça, et de se retrouver au milieu d’une telle libération d’énergie naturelle, représentée par le vent et ses courants. Je me souviens encore très bien de la journée du 10 août 1997, alors que je n’étais qu’à peine lâché Astir, et même pas breveté. Jean Claude venait de décoller avec un élève dans le Twin, dans un ciel gris ou aucun souffle d’air ne semblait bouger. Mais dès que les roues de l’attelage avaient quitté le sol, l’ensemble avait alors subi de fortes turbulences, et après avoir écourté le remorqué, j’avais vu le Twin, vraiment bas, enrouler une ascendance, qui l’avait alors catapulté à 4000m verticale terrain, en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire. Bernard et Jean Claude n’avaient pas souhaité que je décolle en Astir, grand bien leur en a pris … J’avais alors contemplé le Twin, tout petit, très haut,  faire de grandes ovales en remontant le vent juste au dessus du terrain. Aujourd’hui je suis heureux de pouvoir faire de si jolis vols, voir les nuages depuis le haut est vraiment un spectacle magnifique.
 
vue sur la plaine

Mais je m’interroge sur un point, aux vues des conditions météo rencontrées depuis le début de l’année. Nous devrions être en pleine saison de thermiques, de confluences sur les crêtes frontières, de hauts plafonds sur les Pyrénées, et virer le mont Perdu, voir plus loin, serait vraiment plus habituel. Cette année, on ne peut pas vraiment dire que les vols en thermiques sur les faces Sud aient été nombreux, et même côté espagnol lundi dernier, Pierre et Benoît ont fait de l’onde … de nord. Côté français, je n’ai pour ma part fait que deux vols en thermiques, contre quatre vols en onde (dont trois circuits), et un en pente (donc en dynamique). C’est vraiment inhabituel.

La vie reste belle, le vol à voile sur les Pyrénées m’impressionne toujours plus à chaque vol, mais les saisons changent de plus en plus … Alors, pour l’été 2007, canicule ? humidité ?..


retour