Quand Vivien raconte
Si ça tourne mal et que c’est sans espoir, vaut mieux se poser.
Si ça tourne mal mais qu’il y a de l’espoir, ça vaut le coup d’insister.

Estomacs sensible, zappez ce texte. Vous allez être malade.

21 septembre 2006

Ce matin de septembre, on a bien repéré l’installation d’un système de sud. On l’a même en tête depuis plusieurs jours. Benoît a remonté le janus darre-darre hier.
De Buros, c’est superbe : le trottoir va du pays basque à la méditérannée :

trottoir matinal
 

Un peu d’inquiétude quand même. En onde je n’ai fait que des sorties douloureuse en septembre. L’air est encore chaud, plein d’énergie (on n’est pas loin du cyclone Gordon). Ce ne sera pas la tranquille stabilité hivernale.

Hélas, très vite le trottoir disparaît à l’ouest, et plus aucune materialisation n’est visible dans le secteur du terrain. Benoît décolle avec Jean-Marie à 10h30, après avoir règlé un problème de batterie sur le janus, direction les orgues de Camplong. A 11h00 c’est mon tour. Les infos sont peu engageantes  dans ce secteur, j’opte pour une option plus Ouest, espérant un remorqué moins chahuté et un largage hors du sillage de la montagne : le relief frontière est plus bas à l’Ouest de l’Anie.  Dès  700 mètres, C’est la lessiveuse derrière le remorqueur. Violent. Je l’ai même vu de profil sur une rafale solidement disymetrique. Tout au long du remorqué chahuté, pas une zone d’ascendance organisée. Je finis par larguer au sud d’Arette dans un truc agité, me rapproche de la crète des Issarbes en espérant une mise en phase de la pente et de l’onde. Lessiveuse position essorage pour un bilan neutre au bout d’une heure. Habillé pour aller au pôle et donc pas pour mariner à 1700 mètres, épuisé par cette turbulence incessante et sans espoir de monter, j’abandonne et rentre me poser avant d’avoir à remplir un sac plastique. Evidemment, pas d’image de cet echec. Inutile d’aller risquer de fracasser la verrière avec mon numérique.

Si ça tourne mal et que c’est sans espoir, vaut mieux se poser.

Déjeuner. Sous les arbres il fait 34°. Banane, yaourt, poire, réhydratation après la suée du matin. Ma combinaison trempée sèche retournée sur le capot de la voiture avec les bottes d’hiver et les chaussettes de montagne. Le planeur de nouveau aligné attend la suite, Jacky est mobilisable dans le quart d’heure.

14 heures. C’est reparti. Demi polaire cette fois-ci. Faut toujours tenir compte de ses échecs.
Anorak en haut, short en bas (mais chaussettes, pas sandalettes.). Gants et bonnet à portée de main, on n’est pas fou.  Et c’est la lessiveuse derrière le remorqueur qui frétille comme un fou dès 700 mètres (bis). Largué sur l’Ourdinse (cette fois ci, il y a des materialisations), c’est une demi-heure d’essoreuse, mais le bilan est positif. Si on fait un huit, on se fait virer, si on enroule séré ça monte dans la centrifugeuse, mais on se fait virer aussi. A chaque nouvelle pompe on s’approche un peu plus de la base du rotor, et on avance vers le suivant. Il y a de l’espoir. Hélas, la poire, le yaourt et la banane n’ayant pas vue sur l’exterieur, décident d’en finir dans un sac plastique. Putain ! si près du but, c’est pas possible ! De rage (le laminaire est plus proche que le terrain) j’insiste et deux minutes plus tard, c’est le grand calme. Soupir.
Si ça tourne mal mais qu’il y a de l’espoir, ça vaut le coup d’insister.
Il est trop tard pour aller tourner Ax les Thermes, on se contentera d’Argeles, bonnet et gants enfilés, Oxy ouvert et bip bip sur « on ». Au delà, c’est un gruyère même à 4500 mètres. Un gruyère avec quelques trous dedans. Et de la pluie sous le vent, ou plutôt  de la neige qui crépite sans mouiller la verrière, vu la température à cette altitude là.
Les St Gaudinois qui ont tourné l’Orhy à 5000 mètres (la montée en onde était plus facile à l’Est, ce matin) rentrent, qui Belgement et facilement (« je suis une fois à 100km à l’est de St Gaudens, ça saura rentrer sans problème») qui plus douloureusement (« on a eu un moment difficile sous le vent du Pic du midi de Bigorre »), Mathieu, décollé de St Girons, astique le ressaut de l’Arize.
Le vent est vraiment fort en altitude. Cap à l’ouest, lorsque je réduis la vitesse, le positionnement du curseur sur le Palm fait du sur place, quand il ne recule pas.

Petit chapeau lenticulaire à 4000 mètres, verticale Soulor, dans le ressaut de Gourette:
chapeau
 

 On tente un ptit tour vers l’Orhy ? Allez hop. Essorage au bout des Issarbes. Sous une pluie qui descend d’on ne sais où, voire qui remonte. Au-dessus il y a un trottoir matérialisé à…  8000 mètres ? A l’Ouest c’est noir. C’est à ce moment là que j’ai fait la photo :

 nuage blanc sur
            front noir

Coup de bol elle n’est pas floue. On voit même Tardets, au soleil. Pourtant ça bougeait. Une seconde plus tard et sur la photo on aurait vu la crète des Issarbes entre les palonniers (j’exagère à peine). Bizarrement, malgré ce troisième essorage, les gâteaux gloutonnement venus remplacer poire, yaourt et banane ne semblent pas demander de bon de sortie. Mais comme il ne faut pas tenter le diable, ça sera attero au calme, pendant que Dédé et le Midour ramènent à Nogaro une tentative d’onde avortée (c’était pas facile, holaaaaaa). Benoit et Jean-Marie se poseront après 7 heures de vol, avec de très belles images.

La vie est belle, mais y a quand même des limites.



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