Quand Vivien raconte....

Les cumulus pré-orageux sont-ils connectés au sol?


13 juin 2006

Cela fait longtemps que je me suis promis de ne pas voler quand il fait trop chaud,  et pré-orageux. On cuit à la mise en place, on fond en bout de piste, et si on largue trop vite, c’est l’étuve, mais l’absence d’entrée maritime vraie donne en ce moment une masse d’air plus sèche donc plus supportable (c’est pas la Castille en juillet, mais bon..)
Depuis deux semaines on a une situation météo atypique, de par sa durée. Régime de sud prolongé, avec évidemment de l’Est en basses couches, qui empêche l’entrée maritime redoutée. Tout juste un peu d’humidité nocturne, vite dissipée. Hier la photo satellite était superbe en faces sud, malgré les congestus en montagne. On annonce une situation identique pour aujourd’hui. Identique, faut voir… déjà le matin des cumulus préorageux sont présents très haut, mais comme il n’y a rien derrière sur l’image sat, on peut rêver.

C’est Jacques qui remorque. On a mis en piste en 07, avec un code bien précis : je convoie le Delta India avec le tracteur et la prothèse adaptée. Une fois en bout de piste je prépare le planeur, déroule le câble, et c’est seulement lorsque j’ai mis le traceur sur le bord de piste que le remorqueur est mis en route avec à son bord le pilote et un aide pour tenir l’aile…. et ramener le tracteur. La piste est en bon état mais légèrement montante, et il fait chaud. Le vent au sol n’est pas violent, pas assez pour favoriser le décollage, mais une fois sorti de la dévente des arbres, le gradient est tel que ça monte alors très bien. Réciproquement, un décollage en 25 ferait plonger dans la dégueulante en bout de piste après avoir subi les chaos au roulage. La sécurité compense vraiment l’effort de mise en piste loin des hangars.

Vent d’est en basse couche signifie dégueulante en vallée d’Aspe sous le vent du relief. On chemine donc en milieu de vallée, avant de revenir sur l’Ourdinse où toute la crête est portante : on est dans la masse d’air supérieure, ça souffle de sud. Au dessus, très haut il y a des alto cumulus (genre pré-orageux, avec même des bordures lenticulaires sur le haut relief). Sont ils connectés au sol quelque part  ou pas ? Le plafond ne sera que de 2400 mètres, avec une dérive costaude. On est à la limite d’un système d’onde, mais ça ne veut pas monter plus.

Aux orgues de Camplong on est dans une masse d’air sèche. Sur le calcaire ça pète très fort (5 mètres parfois) avec ou  sans  dérive ( !?) : ainsi un accrochage à Laberouat donne une dérive de Sud-Est de 20 km/h, quelques kilomètres à l’est, vers Soum Couilh, on monte verticalement.
A 3200 mètres on peut faire la synthèse : 2 couches d’inversion au nord (dont celle annoncée vers 2300 mètres, au sud seule l’inversion de la vallée de l’Ebre est visible. L’air est cristallin sur la haute chaîne, mais la masse d’air nord gagne inexorablement du terrain vers le sud, malgré un vent contraire de 20 km/heures. Son avancée est balisée par quelques fractos.
J’espérais sans trop y croire qu’une pompe plus violente me satelliserait vers les nuages de la couche supérieure… c’est resté un doux rêve. Ils ne sont pas connectés au sol.

La radio est totalement silencieuse (c’est bon pour LES batteries). Pas un planeur en l’air ? Jaca ne répond pas, pas moyen de savoir si on peut tenter une excursion face sud (où il n’y a pas un seul nuage sauf dans la couche supérieure). Si en basses couches le vent est insuffisant pour assurer une pente efficace sur le parcours Collarada-Partacua-Tendenera, c’est l’aller simple assuré.
Le reste du vol sera donc en local d’Oloron. Avec un plafond sur les calcaires secs à 3200m pas moyen d’envisager de rester sur la haute chaîne granitique où il y a encore beaucoup de névées. La garde au sol n’est pas suffisante (sans compter les limites de survol du parc naturel). C’est soit au sud en pente soit au nord qu’il faut se promener. En milieu de vallée d’Aspe, c’est l’épaulement nord-sud (au sud de l’antenne, à l’ouest d’Urdos) qui donne, avec une dérive… du 130 ! Les crêtes à l’est du Pourtalet ne donnent rien : elles sont pourtant bien orientées. L’air doit passer par la venta, où les parkings sont bien remplis pour un milieu de semaine. Quant aux cumulus vers Cauterets (dans la masse nord) ils seront bien évidemment molassons.

Le vol s’achèvera avec une branche vers le Baretous avec un retour face à 20 km/de vent de Nord-Est.


4 heures de vol, et solitude pour rentrer le remorqueur et la mobylette qui a passé l'après midi à l'ombre du hangar quand même. C’était une belle promenade, mais hélas confirmant que les alto-cumulus pré-orageux, ne sont toujours pas atteignables…

Pas d’image, mon numérique étant toujours en rade, mais la trajectoire, avec soulignée de flèches bleues, la direction des vents déduite de la dérive en spirale:

 trajectoire et vents

La vie est belle



 
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