Quand Pierre raconte....

La vie est belle, et les vallées profondes.

Samedi 5 avril 2003
 
Le Vendredi avait été fumant. Donc le Samedi aussi serait fumant.
Bon d'accord, les bonnes journées passées sont passées, mais là quand même, il y a eu exagération.
 
Le matin de bonne heure donc, j'avais ballasté le Janus : je savais que je devais voler avec Florian, pas plus lourd que moi, donc il fallait bien rajouter 60 litres pour pouvoir avancer, ça, ça allait avancer.
 
Vers 13h00, quand même, un léger trouble vient chatouiller mon esprit et refroidir mes ardeurs : mais où sont les cumulus ? Trouble vite dissipé : c'est à cause du changement d'heure ! Ils vont arriver une heure plus tard que d'habitude. Ah bon, je garde l'eau, alors ?
 
Vivien n'y croit pas trop, et regarde le Janus avec l'air de quelqu'un qui a quelque chose à dire mais qui le garde pour lui pour ne vexer personne.
 
Ben oui, on garde l'eau, et puisque nous sommes courageux, nous décollons avant l'arrivée des cumulus. On verra bien.
 
On ne verra rien du tout : largué vers la falaise du bois d'Aran (là où il y a des vautours, quand il y a des pompes). Un léger soubresaut fait espérer. Mais rien. On continue jusqu'à Aydius, en face sud. Toujours de petites poussées, mais rien de fameux. Tant pis, mais bon, le sol monte et il va falloir travailler pour rester en local.
 
Donc accrochage comme j'aime : assez près des rochers, sur de petits huit (la spirale ne passe pas, faut pas rigoler : on est trop près). Tiens, si on vidait l'eau ? Bonne idée. Ce n'est pas que sa monte mieux, mais on arrive à ne pas descendre. Et puis, à force d'à force, on arrive à la crête.
 
L'occasion d'aller faire le tour du cirque du Montagnon pour constater que ça descend partout : les thermiques côté sud sont ravagés par le vent du Nord dès qu'on monte au niveau de la crête. Et le vent du Nord n'est pas assez fort pour alimenter les pentes. On peut passer toute la journée à jouer au yo-yo au fond du cirque (je sais, je l'ai fait assez souvent).
 
Donc retour au Nord où Vivien, largué en local, avance doucement mais sûrement vers l'est. Là, en effet, les conditions sont plus classiques: les collines entre Ferrières et le Rey donnent de petits thermiques (1300 QNH). La traversée de la vallée de Ferrières se fait en serrant les fesses : si ça rate, le raccrochage au retour sera bien bas...
 
Mais la petite crête Est Ouest de l'autre côté de la vallée tient ses promesses et nous monte à des hauteurs vertigineuses (18 QNH), ce qui permet de passer directement sur le Pibeste, histoire d'aller visiter l'ancienne arrivée du téléphérique. Vivien, moins chanceux, n'arrivera pas aussi haut et devra donc faire le tour par la plaine, mais il s'en sort bien et nous retrouvons pour le trajet du retour. Parce que traverser la vallée de Lourdes avec des conditions pareilles, et bien, je ne suis pas pour : la ligne de crête du Pibeste nous a fait descendre tout du long. Rien de bon à espérer par là.
 
Rien à dire sur le retour, le Janus reconnaît l'odeur de l'écurie et rentre en piaffant.
 
Nous décidons d'essayer vers l'Est. Je persiste à dire que ce n'était pas une bonne idée. Mais j'assume. Donc le fond des vallées à l'ouest est profond, peu accueillant et troublant. Je suis passé par là un nombre assez important de fois, mais j'avais du mal à reconnaître la petite crête entre le Trône du Roi et le Layens. On la remarque à peine d'habitude, mais là nous la voyions très largement au dessus de nos têtes. Je n'avais pas remarqué les rochers en bas : et bien ils sont là; et tant mieux parce que ce sont eux qui ont déclenché la bulle salvatrice. Sinon c'était la vache présidentielle (en sortie de vallée) avec le risque de crime de lèse-président que cela comporte.
 
Pas de photos, nous étions trop occupés.
 
le lendemain, j'aurai mal au jambes, ce qui est le signe d'un combat important avec le palonnier de la place arrière du Janus. Mais avec Alain, on ira quand même presque à St-Gaudens .
 
Le Lundi, j'étais à genoux.

Voir aussi le récit de Vivien

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