Quand Jose raconte
Histoire de calculateur d'arrivée...



Je regardais Michel s'installer dans sa "mââchine". En fait j'avais l'impression que l'on était en train de vivre un scénario de ROBOCOP. Avec tout ces câbles qui courraient de droite, de gauche, de l'avant, de l'arrière, oui, on avait bien l'impression d'un robot faisant corps avec sa machine. D'ailleurs, lorsqu'il était installé, si par malheur il fallait dégager la piste, il était inutile de lui demander de descendre. Les esclaves de la piste devaient bouger le planeur avec son maître. Dans la gadoue hivernale ce n'était pas toujours de la tarte.

J'étais toujours émerveillé de l'étiquette qui présidait à cette installation. Bien sûr, nous avions tous eu droit à d'amples explications sur l'utilité - que dis-je l'utilité ! - la nécessité de tout cet attirail : GPS, enregistreur du GPS, appareil photo couplé au GPS, calculatrice couplée au GPS ... ! Moi, néophyte, j'écoutais, je tâchais de m'instruire ! Un jour, dans ma soif de comprendre, j'avais demandé où était le détecteur de pompe. Les regards qui se posèrent sur moi dégagèrent un tel magnétisme qu'encore aujourd'hui je ne peux plus m'approcher de la mââchine ... sauf pour la pousser, bien sûr.

Jean Claude, lui, ne jure que par son BARBERA ! Il nous l'avait bien montré quelques fois, mais je crois que "les autres" considéraient ça comme une pièce de musée. Pensez-donc, il n'y avait même pas de batterie, d'écran LCD ! Certains avouaient en avoir eu, mais du bout des lèvres, presque honteux ; d'ailleurs il devait être chez eux, dans un tiroir.

Pour les curieux qui ne sauraient pas ce que c'est qu'un abaque d'arrivée en général et un BARBERA en particulier, je les renvoie aux "anciens" de leur club. Disons pour résumer qu'un BARBERA est un abaque à deux disques concentriques. Ces deux disques sont gradués en échelle logarithmique et le disque interne comporte des courbes spécifiques à un planeur pour une charge alaire (ou une masse) déterminée (voir figure 1). On peut effectuer divers types de calculs :

- indépendamment du type de planeur, l'utiliser en règle à calcul (finesse, vitesse moyenne de montée, ...), (c'est un avantage du calculateur BARBERA sur le STOCKER)

- pour un planeur donné et dans des conditions aérologiques "espérées" (vent, ascendances) en déduire l'altitude à laquelle il faut quitter la dernière pompe et le meilleur calage Mac Ready permettant d'atteindre son objectif.

Un jour, installé autour du pot qui clôture les longues, rudes et harassantes journées du velivole, un jour donc j'écoutais Jean Claude et Richard raconter un de leurs derniers exploits en concours. Bien sûr, nous savons tous que dans ces cas là il faut faire la part des choses. Mais n'est-ce pas là le charme qui entoure ces discussions. Après tout, les chasseurs, pêcheurs et sportifs en tous genres en font tout autant.

Pourtant, ce jour là, Richard, plus jeune mais tout aussi expert, soutenait Jean Claude : "un BARBERA et un GPS c'est super génial" (pour le GPS, ça on savait !) - "on était un peu à la bourre ; j'ai dit à Richard de prendre les commandes et j'ai fait mon calcul d'arrivée ; et alors là, les mecs qui s'acharnaient dans leur pompe après avoir fait la dernière photo nous ont vu passer sans nous arrêter" - "Qu'est ce qu'on leur a mis !".

Je ne garantis pas l'exactitude des propos, mais ça ressemblait bougrement à ça, en plus détaillé bien sûr (mais je vous passe les détails car cet article n'y suffirait pas).

D'autres langues se délièrent  "moi j'ai ma règle à calcul, et ça me suffit pour surveiller mon plan, le GPS me fournit ma distance, et ensuite je travaille au SB8" - "moi aussi j'ai ma bonne vieille règle à calcul" ... . Et nous eûmes droit encore une fois à une explication sur le fonctionnement du BARBERA.

Alors là, alors là, que voulez-vous que pense un débutant ?

D'un côté, les acharnés du matos qui ballasteraient presque avec des batteries tellement il faut des ampères heures pour alimenter leur attirail.

De l'autre, ceux qui sacrifient un poil de GPS (un amovible, qu'on sangle sur la cuisse) à la modernité et qui continuent néanmoins à utiliser un abaque ou une règle à calcul économique avec des résultats pour le moins satisfaisant.

Dernièrement, Pierre acheta un BARBERA dans une boutique. Le disque interne était vierge, "mais faute de trouver aujourd'hui des règles à calcul, ce BARBERA me sert au moins à çà ; on trouvera bien le moyen de calculer les abaques de nos planeurs !".

Je trouvais les coordonnées de la société qui fabriquait le calculateur d'arrivée ; j'appris qu'il continuait à être fabriqué mais que la société n'était pas à même de créer les abaques pour les planeurs récents.

Une fête ayant amené sur ma table de chevet "La course en planeur" que tout le monde connait, je décidais de relever le défi : retrouver la méthode de tracé des abaques.

En fait tout est dans le Reichman. Il fallait d'abord bien comprendre, avec la satisfaction de constater que la théorie n'était pas trop sensible aux erreurs que l'on peut commettre dans la réalité. Au stade où j'en suis, rien que cette lecture me fut profitable.

Mais revenons aux abaques. Reichman montre comment créer un tableau de calculs permettant de tracer un autre type de calculateur d'arrivée (calculateur de Stocker).

Qui dit aujourd'hui "tableau" pense aussitôt à tableur sur micro ordinateur.

C'est donc avec cet "outil" assez répandu chez nous que je me suis attaqué au tracé des abaques. Le résultat est fort satisfaisant et c'est donc cette méthode que je me propose de vous décrire dans un prochain article.

Jose Gracia



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